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Blandine Scelles






C'est pas je qui aime
C'est aime qui je

in Je ne peux pas ne pas aimer, 2020

                             
...
Co colle collé dans le co coin avec ta r avec t’arrête ça ! avec ta rage à ras le co corps,
Collé dans le coin avec ta rage à ras le corps tu exploses, tu arroses les murs de ta haine, 
de bas en haut, de haut en bas, (de bas en haut, de haut en bas)…
Fais voler en douceur l’éclat de ton armure artifice de tes orifices sensitifs. 
De bas en haut, de haut en bas, (de bas en haut, de haut en bas…), 
fais glisser cet étau sur ta peau afin qu’apparaisse beau ton nu de l’âtre. 
N’allaite qu’ange en toi. Accorde le doute jusqu’avant certitude sur ce qui reste 
de l’humain, de l’humus, du divin, du dit. Dis l’humain du divin. Entends l’humain du dit divin. 
Hume le divin dit humain. Devine-toi. Toise les remous de liberté. Fais pousser le dit de l’humus. 
Accouche de mots mués transmués en transmutation transhumance transhumanité ; 
des mots mottes de terre dans la bouche. Tu accouches la tête en bas, à l’envers d’un monde insensé. 
Dans l’arène du décapitant capital, tu t’es brûlé la langue… et le cœur. Replante-les dans la terre. 
Ecoute t’envahir le silence de la poussée d’une fleur. Ecoute t’envahir le silence de la poussée d’une langue. 
Ecoute t’envahir la langue de la poussée de l’Homme envahi par la poussée de l’Homme libre décollé de sa colère. 
Ecoute fleur, langue, dieu ou Homme te dire : « Je t’aime 10 000 silences à la seconde ».
extrait Résolutions-révolution, 2019   
 
                         

                                               

Al 
est femme ou homme,
jour ou nuit,
obscure obscur,
puisque dans le noir,
obscur obscure,

puisque dans bouche fermée, fermentée,
virgin'Al

Lettres / Cellules
doivent se spécifier dans [Al] ;
faire Sens / Vie.
Lettres / dans Mots, Cellules / dans Organes,
Mots / dans Phrases, Organes / dans Corps,
Phrases, Corps / dans Sujet,
Sujet / dans Histoire,
Histoire / dans Histoire de la pensée.
Tout un monde en PARALLÈLE ;
le monde d’[Al].

D'al,
l'iris cède
à la pupille sa couleur
trop sipide, trop bavarde.
L'iris cède à la pupille
qui sombre,
qui sombre Al AVEC elle.
Dans le mouvement toute entière s'inverse, par l'œil est passée au-dedans,
se tourne, retourne, un gant, 
par l'ouye, les naseaux et chaque pore de sa peau, lui ouvrent par la chute,

sa chute
vers

l’au-dedans.

 
Le monde du dehors, le monde des à demi ;
n'attendait rien.
Rien ou bien Al.
Pour y voir l'autre,
pour y voir vie.                                                                                     

               extrait Y a qu'Al, 2018

                             


je t'aime carte postale sms longer tes côtes et entre tes dedans je t'ai vol d'étourneaux collines échevelées mon cahier ces mots

extrait
Poésunk, ballade 2016
                             


              Ne pas répondre. Glisser sur. Ignorer le laid et l'insipide. Brouter les fleurs, bleues dans les champs.
Se remettre mettre à quatre pattes. Se rabattre les yeux, sur salades vertes, jeunes poussues jaunes
de pissenlit. Se saouler de verdure, d'art et de trains qui passent, tâchent, qui vaches, ânes et moutons et culs de sac volé.
                        extrait Langue de pute, octobre 2014


                                          Y est venue au monde
pour y coudre et découdre
les fils de, saturée, sa mémoire satinée.
Y est venue au monde
la catin du sens,
sans dessus, sans dessous.
Y soulever les plis de l'inaccompli.
       
extrait Y a qu'Al, mars 2013 



nonononononononononononononononononononononononononononononono    

NON c’est quoi non ? Non pas que je ne sache pas, mais Quoi ? NON c’est tout ? Tout cela qui se retire ? C’est dieu ? Le dieu d’avant ? Mot ? D’avant moi ? D’avant que mort (tu ne meurs) ?
Es-tu mort ?
Jamais. Je ne mourrai jamais. Non. Je ne quitterai jamais Non. Non et toujours. Ce jour-là je cesse. En vérité, je le dis. Je ne vivrai plus, je ne vis plus.

Janvier 2013
nononononononononononononononononononononononononononononononononon




Human beings
 
Ils, sur le départ / en fin de compte / n’arrivent pas / en exil en exosmose / d’ici ou d’ailleurs.
Ils, réduits à silhouettes à passage / un mouvement, n’en finit pas / flouté(s) / marchent sur place.
Ce qu’il y a devant ce qu’il y a derrière / ne pousse ne tire.
Ils, assujettis à la verticale, silencieux.
La terre fil de rasoir / coupe les pieds / la terre en marche, ne font que constater / debout disparaissent à peine / vapeurs de terre / ils, n’apparaissent.
Aussi sombres que terre, la terre sombre avec constance.
Ils, figurent dans le ciel / en transition / obliquent la lumière. Le ciel brossé pleut le temps, l’immoral immortel / pèse, l’humain, une plume, son ombre, un souffle.
Ils, poussières du temps.

Les mots ne sont que des sons, perdus dans l’oreille d’un sourd. Je ne suis que sourd présage d’un monde en articulation. Textuée depuis l’aube, je me prends dans le filet de mes ancêtres, sans savoir s’ils parlaient le même langage. Les bruits restaient incertains. Et moi inatteignable. Lorsque mes pieds ont creusé la terre, je suis tombée. Sur le sillage, j’ai posé ma tête. Un vent m’a rayée de la surface, me suis enfoncée. Une pluie fine m’a dissoute, caresse infatigable, a fait disparaitre plus d’une ombre. Je t’ai oublié au creux de ma mémoire, me suis assoupie. Je songeais combien il serait doré, le soleil entre mes doigts, la sombre impression d’un ailleurs. Je défiais le temps au goût amer, le retins en mon amende. J’enfantais plus que moi-même, à la lisière du chant. À la pluie faisait place l’orage, et le ciel dans son orgasme, bénit le fruit de mes entrailles. Celui-ci n’avait d’oreilles que bouches. L’une prédisait, l’autre ressassait. Sa parole était d’oiseaux, étourneaux en tous sens du vol. Des arbres poussèrent, sur lesquels se poser. Mais les feuilles déjà mortes, mordorées, les dénudaient de sens. C’est alors que la mère, s’arrachant une oreille, lui ferma le bec. C’est alors que la mère, lui clouant le bec, s’arracha à l’inaudible. C’est alors que le monde, soudain sur ses gardes, la vit se lever. Sacrifier un fils suffit à l’éveil. Sacrifier la parole à l’autel de la parole. Sacrifier ce qui la prolonge pour n’être qu’elle-même, un silence étudié.

Septembre 2012


Silence rendu aux choses
par leur nomination,

silence (et secret).




Si le verbe se fait chair, il y a dans la chair, un lieu de silence qui ne peut être nommé.


 

Les mots dénuent les choses
leur laissant – la vie sauve. 



Évanescences, août 2011



maman dis moi c’est qui l’ennemi entre celui qui a un fusil et celui qui a un fusil. maman c’est quoi que je ressens de joie quand je sais que le bon va tuer le mauvais. maman c’est quoi que je ressens comme désir de voir le mauvais, mort ensanglanté éclaboussé, éclaté. maman c’est quoi que je ressens comme plaisir de tuer mon voisin. je ne le connaissais que trop, il bouchait ma vue, il avait parfois de la fièvre, était malade ou un peu fatigué. il n’allait pas toujours bien et parfois pissait dans mes plates bandes. parfois il me jetait les poubelles dans la gueule, ou creusait des tombes devant ma porte. maman, pourquoi celui-là a-t-il atterri dans ton lit ? t’a-t-il violée ? t’a-t-il seulement baisée de tous les côtés que tu t’es laissée faire et maintenant tu aimes son sexe ? mais la violence des poubelles, de la pisse, des tombes qu’en fais-tu ? maman, est-ce qu’il existe un désir non violent ?

extrait Dégage!, avril 2011


[...]
Une femme qui n’a de mots que ceux qui poussent de ces branches, en sens inverse d’elle. Une femme qui ne peut y croire.

[...]
extrait Langue de bois mort, juillet 2011
 ed. Bacchanales n°47, Maison de la poésie Rhône-Alpes
Lecture à Lodève "Les Voix de la méditerranée"


je l’ai tué, il ne pensait pas comme moi. je lui parlais de liberté et il ne m’y croyait pas. il prenait toujours des exemples à côté de la flaque. moi, j’y ai mis les deux pieds dedans, ça a éclaboussé partout. ça n’a pas été facile, croyez pas, il résistait comme autre, mais moi j’étais sûre de mon coup.
j’ai frappé droit dans le mur, entre les deux yeux. il ne l’a pas vu arriver. en fait il n’avait jamais vu arriver les coups et celui-là lui a été fatal. en général c’est fatal pour les autres mais là c’était son tour. les tours ça tourne. il me dit que l’histoire ne s’est pas passée comme par cœur je l’ai apprise mais qu’est-ce que ça change à aujourd’hui qu’on en est là, là où on en est et pas ailleurs ? qu’est-ce que ça change de savoir si c’est lui ou elle qui a fait ci ou ça. moi je vois ce que je vois et ça me suffit pour savoir ce qui me concerne. je n’aime pas les entourloupes à chercher, que eux se débrouillent avec les eux que ça intéresse. moi je reste en dehors de tous eux et ça me rend la liberté, je me sens libérée sans par rapport à eux, je n’y laisse pas ma tête s’y prendre.
mais là qu’on en parlait, que le silence se remplissait de plus en plus, j’étais mal à l’étroit de sa pensée, au bout de son impasse, dans l’impensé, dans une histoire autant apprise par cœur mais sans cœur. il y a des moments où il n’y a plus rien à se dire tellement on parle à quelqu’un de vivant on ne sait pas comment, tellement on évolue dans un autre monde, on utilise une autre langue, où tellement l’intelligence est loin dans les neurones qu’elle n’arrive pas à faire surface dans les mots. c’est dur de voir quelqu’un se noyer dans ses manques.
d’ailleurs au début, c’est ce que je voulais faire de l’aider à s’en sortir à les en sortir de leur torpeur les neurones, je voulais y faire une brèche pour y amener la lumière, mais ça fumait déjà trop là-dedans que moi j’étais asphyxiée. j’étais si froide moi comparée à son état, si froide tellement il n’y avait pas eu de voyage interlectuel entre nos deux lecteurs du monde. c’est qu’il me montrait son monde comme si c’était le mien, mais n’en voulais pas. moi je suis bien comme je suis dans mon monde. confortable, me sens forte et libre. la vérité me saute aux yeux quand je me sens prête, parfois je les garde plissés plusieurs jours ou années. mais lui voulait me maintenir les paupières allumées. alors je lui ai mis un bon coup, son crâne s’est ouvert en deux. je n’aurai jamais cru que c’était si simple.
au début, avec la fumée, j’ai pensé à ma bagnole et puis les deux yeux se sont disjoints et ont enfin pu se diriger dans des directions différentes, plutôt que de loucher sur la même chose pour se convaincre que l’histoire n’est pas comme ça. il accédait à une double histoire puisque ces deux yeux étaient libres l’un de l’autre. il a pris sa tête entre ses deux mains et à pleuré d’un côté et ri de l’autre. j’ai compris qu’il avait vu le passé et l’avenir en même temps. je ne sais ce qui l’a fait pleuré si c’est l’un ou l’autre. je ne sais ce qui l’a fait rire, mais en tous les cas quand j’ai rouvert les yeux, c’est sûr qu’on y voyait plus clair tous les deux.
lui avait fait le choix de mourir et moi de vieillir.

21 décembre 2010


         Qui es-tu pour prendre mon secret ?
l'envie décousue






































malgré tout
malgré la terre
malgré l’attente de la terre.




















passe

le temps panse

les douleurs

pensent

l'impensable amour

d'une fille pour son père.

 

de l’oreille

à la bouche

silencieuses

d’actes cachés

trop lourds

pesés

entre toi entre moi

trop rapide trop rapt trop aride d’être

dans la confidence

de ses propres secrets

 

qui es-tu pour prendre ?

 

mensonges sans songes

con lisse con plissé

complices complicés compliqués impliqués

dupliqué tu les sais

séparés

 

Tu laissais

les mots vides entre

nos deux différents

vus pas si crus

pas comme une vision

de mes neurones rouges bonbons

sucrés sucrette secrète sécrète

je cherche enfouis

ma tête trou noir

dans toutes les pensées dans tous les hommes dans toutes les pensées des hommes

j’écarquille

mes yeux mes oreilles mes quilles

je compose décompose décarcasse me décarcasse

sans mal jamais pas trop si peu si tant et si bien que

je m’écartèle entre eux je cratère

entre en eux te trouver toi savoir

comment ça marche

un homme

un père

comment  ça opère

sans perte

 

 

oubliettes pleines

de violettes

de voilé troué

je cherche trouve

malheur mélasse coupée court où plus rien ni personne ne pousse

plus rien plus

pluriel plu

ris

elle rit

elle seule rit

elle gueule gris

grillon

rions

rirons-nous ?

 

père ! un jour quand ?

rirons-nous quand ?

irons-nous au monde du rire au moment

du rire jardins en fleurs

au-delà des tonnelles tombes tombeaux

quand ?

nous prendrons-nous par la main sans honte sans peur

de rire une fois et

 

novembre 2010
édité par Françoise Favretto, in Chroniques errantes et critiques n°37





















si tu ne saisis pas la main que je te tends,
que deviendra-t-elle?
que deviendrons-nous?

peut-on aimer ce qui est insaisissable?
peut-on ne pas aimer ce qui est insaisissable?




































qui peut être vivant comme chien ?